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“Rester enfermée chez moi, sans voir ni parler à personne, ce n’est pas mon truc”, le bénévolat pour rompre la solitude

Alors que beaucoup d’associations manquent de bras, des bénévoles mesurent les bénéfices de leur engagement. Rencontres, ouverture à d’autres univers et sentiment d’être utile… ils gagnent autant qu’ils donnent. Rencontre avec Chantal et Angèle, deux femmes épanouies dans leur dévouement.

S’il fallait un témoin pour incarner les vertus du bénévolat, Angèle Koeberlé serait sans doute mise en avant par tous les responsables d’associations qui cherchent à recruter. À 91 ans, elle est inarrêtable, inépuisable. Un visage et une énergie bien connus à l’Ehpad de Sélestat (Bas-Rhin). Elle n’y réside pas, contrairement aux autres personnes de son âge qu’elle y fréquente, mais s’y rend plusieurs fois par semaine pour apporter son aide. Toujours en train de courir dans les couloirs…

“Ça me fait du bien. Je sens que ça fait du bien aux autres aussi… alors ça me fait du bien”, sourit-elle. C’est là, en venant amener un peu de vie, qu’elle a repris goût à la sienne, après la mort de son mari : “Pendant quasi deux ans, je ne suis pas sortie de chez moi. Une amie m’a dit que ça ne pouvait plus continuer ainsi. Elle m’a emmenée avec elle, c’est comme ça que tout a commencé.”

Et cela fait 25 ans que ça dure. Les lundis et mercredis, Angèle Koeberlé rend visite aux résidents dans leurs chambres pour les sortir de leur quotidien. Les vendredis, elle participe à des temps de prière ou des animations à la chapelle de la maison de retraite.

Elle encadre également une équipe de couturières bénévoles un mardi par mois. “Angèle est notre cheftaine. Elle est très appréciée. Je crois qu’il n’existe pas une personne qui n’apprécie pas Angèle. C’est un ange”, dit d’elle Francine Weber, une jeune recrue venue renforcer le groupe. Les couturières raccommodent les vêtements abîmés des personnes âgées : un bouton à coudre, un ourlet à faire, un décolleté à fermer… des petits détails qui comptent.

“Et je tricote aussi chez moi, dès que j’ai un peu de temps. Des chaussettes, des chaussons, des maniques… qui sont vendus ici et dont les bénéfices reviennent à l’établissement.”, complète la nonagénaire. Tout ça, ça m’occupe. Et je vois du monde, je peux discuter… Rester enfermée chez moi, sans voir ni parler à personne, ce n’est pas mon truc.” 

Un échange gagnant-gagnant, c’est également comme cela que Chantal Gander perçoit le bénévolat. Elle l’affirme sans se cacher, elle ne se dévouerait pas si ses missions ne lui apportaient rien à elle. Mais après ses 60 ans, elle a trouvé le bon équilibre.

“Ça rend ma vie plus riche. Je ne suis pas pour autant une meilleure personne, je n’ai pas l’âme d’une dame patronnesse. Mais si je peux y trouver mon compte et en même temps être utile, tant mieux…”, confie-t-elle.

Grâce à son engagement bénévole, cette passionnée de voyages parcourt le monde chaque semaine, sans prendre l’avion. Tous les mardis matin, elle dispense des cours de français à des étrangers via l’association AGIRabcd, à Erstein (Bas-Rhin). Des Syriens, des Ukrainiens, des Polonais… qui lui font découvrir leurs coutumes.

“C’est une ouverture à d’autres cultures, à d’autres univers. Je prends beaucoup de plaisir à échanger avec ces personnes qui viennent de partout, poursuit Chantal Gander, veuve elle aussi et heureuse de côtoyer du monde lors des cours. Beaucoup de gens pensent que ces étrangers viennent en France pour profiter du système. Mais c’est faux ! La plupart sont là parce qu’ils n’ont pas eu le choix. J’imagine que ce n’est pas facile pour eux, alors si je peux un peu les aider…”

Un investissement, fidèle à ses valeurs, qui lui permet de se battre pour une certaine vision de la société. Contrairement à de nombreux bénévoles, Chantal, comme Angèle, n’ont pas arrêté de se mobiliser après la crise sanitaire. Trop attachées à ces tranches de vie dont elles se nourrissent. 



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